Menace imminente sur le master en Communication et Démocratie Participative

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Publié le 12 mars 2018

 

Vendredi dernier regroupement express des étudiants du Master en Communication et Démocratie Participative et de représentant de l’Unef devant une salle de conseil de l’Université Clermont Auvergne. Voilà quelques jours, ils apprenaient la probable disparition de leur formation.

C’était il y a deux jours. Les étudiants ont entendu des bruits de couloir. « C’est le gros problème de la Fac, les gens ne communiquent pas, alors que c’est la Fac de com… » constate Kumran, étudiante en Master 2 dans ce Master unique en région Auvergne Rhône Alpes. Le master en communication et démocratie participative devrait donc disparaître. Pourtant, il venait d’être créé, à la rentrée 2017, grâce à la mutualisation de deux Masters relatifs à la communication des associations et des collectivités territoriales et, à la conduite de projets solidaires locaux et internationaux, eux même n’existant à l’époque que depuis 4 ans. Dejà ce regroupement avait fait grincer les dents, faisant disparaître ces deux formations et limitant le choix des étudiants.

La nouvelle formation se distingue par la volonté de développer une communication propre aux associations et projets citoyens. Elle est, à ce jour, la seule alternative à Clermont-Ferrand au Master en stratégie de la communication, axé sur une communication entrepreneuriale. « Dans le milieu associatif, la communication est humaine, elle est différente que pour vendre des tubes de dentifrice ! » s’indigne Kumran. Les étudiants, s’exprimant au travers d’une pétition, précisent « Il est un des rares Masters en France à proposer un enseignement sur les outils de délibération et les animations participatives. Il nous permet d’étudier une communication plus adaptée aux structures telles que les associations, les coopératives et les collectivités territoriales. » Cette pétition, lancée le mercredi 7 mars, a récolté plus de 400 signatures en deux jours.

L’effectif faible des participants à la formation, 6 en Master 1 et 3 en Master 2, est l’un des critères en faveur de la suppression du Master. En plus de l’extrême jeunisme du Master qui ne lui a pas encore laissé le temps de faire ses preuves, certains étudiants soulignent l’existence de problèmes de communication à l’intérieur du Master. Léo, étudiant en Master 1, témoigne des conséquences absurdes d’une communication floue, « Il y a une fille qui a quitté le Master et a été dans l’autre filière car elle avait peur de sa suppression». Il relève également le manque d’information claire et structurée à l’intérieur du Master « On a reçu la maquette des cours fin octobre… » soit, un mois après le début des cours. Paradoxalement, l’alerte que les étudiants concernés, ont réussi à lancer, avec la mise en place de la pétition, a permis de faire connaître le Master à de nombreux licenciés en Information et communication qui se sont montrés très intéressés par la formation « Un bon coup de com ! » ironise Maruschka étudiante en M2.

A l’heure actuelle, deux pistes se dessinent quant au futur du Master. Son remplacement par un Master en communication numérique ou la mutualisation avec des parcours qui comprennent des unités d’enseignement similaire, par exemple, le master innovation sociale.  

Mais, les étudiants ne soutiennent aucune des deux pistes, « Les formations sont constamment supprimées, réorganisées, et les mutualisations des cours occasionnent une dégradation de la qualité des cours et un manque de spécialisation des diplômé.e.s » Une spécialisation qui fait la fierté des étudiants en Communication en démocratie participative. « Il n’y a que 3 ou 4 endroits en France où on peut faire ce Master, et c’est le seul ici où la première année est déjà spécialisée ! » explique Sarah, étudiante en Master 2, alors qu’on compte déjà plus de 300 formations du numérique rien qu’en région Auvergne Rhône Alpes. L’étudiante insiste également sur l’aspect professionnalisant du Master. « Il permet d’avoir un diplôme valorisant et recherché sur le marché du travail ».  Le taux d’insertion professionnelle (basé sur les deux Masters avant la mutualisation) s’élève à 87,5 % et, insistent les étudiants, « Ils travaillent tous dans leur secteur ! »

Des critiques sont également émises sur la procédure décisionnelle mise en place. La réunion délibérative (sans les étudiants et le personnel administratif) a eu lieu le jeudi et le vote vendredi. Une dynamique urgentiste qui ne laisse pas le temps à la réflexion et force la prise de décision déplore le responsable du Master, Eric Dacheux. Une rapidité justifiée par la date butoir du 26 mars, date à laquelle les programmes pour la rentrée 2018 doivent être fixés. Les étudiants quant à eux, ont été prévenus deux jours seulement avant le premier conseil de vote et ils n’ont pas été informés directement qu’ils pouvaient y accéder comme l’explique Maruschka , « On ne nous avait pas dit qu’on avait le droit de présence au début. Si on avait su les choses plus tôt, on aurait mobilisé plus tôt… »

Selon Eric Dacheux, cette mise sous sellette un an seulement après sa création, est symptomatique d’une dynamique plus générale vers laquelle tend l’enseignement supérieur, « C’est emblématique de ce qui se passe à l’université, il y a un décalage entre la demande sociale et l’efficacité managériale de la fac. La logique suivie est de réduire les coûts et la masse salariale. Cela va à l’encontre de la logique d’un service public de qualité. »

Une suppression d’autant plus paradoxale selon lui puisqu’elle concorde avec la campagne menée par la ville du projet participatif (https://clermontparticipatif.fr). Un projet demandeur de personnel qualifié en communication et démocratie participative.

Enfin, tous les acteurs insistent sur la nécessite de continuer à se mobiliser, car si la décision a été votée à un niveau, il reste encore deux votes nécessaires avant qu’une décision finale soit prise.

Pour signer la nouvelle pétition en ligne,

https://www.change.org/p/la-commission-de-la-formation-et-de-la-vie-universitaire-de-l-université-clermont-auvergne-master-communication-et-démocratie-participative-en-danger?recruiter=862522459&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=psf_combo_share_initial&utm_term=share_for_starters_page&utm_content=ex75%3Av7

Et pour plus d’informations sur la spécificité du Master, rendez-vous sur https://puydcom.wixsite.com/Mastercdp

 

Gwendoline Rovai

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