Max et Lucie, l’épicerie locale du quartier de la gare

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Publié le 22 juin,

Près de la gare, dans la petite côte de l’avenue Charras se cache depuis un an une nouvelle épicerie de quartier. Le projet est né dans la tête de deux jeunes diplômés en quête d’un travail porteur de sens. Un soir, autour d’une bière ils refont le monde et se lancent un défi : offrir aux  Clermontois la possibilité de consommer local et éthique. Du garage de la grand-mère de Lucie, le projet a germé peu à peu et la semaine dernière, la boutique de Max et Lucie a soufflé sa première bougie. On vous emmène en visite sur place pour découvrir le projet.

Dès 10 heures, l’épicerie Max et Lucie se réveille en douceur avec une odeur sucrée. Derrière les fruits et légumes exposés à l’avant, Cassandre assise dans la cuisine, coupe des fraises avant de les plonger dans une casserole bouillante : « On prépare de la confiture fraises – rhubarbes … »  Impossible de résister à cette ambiance chaleureuse, même le postier qui passe tous les jours le pense, c’est Lucie qui l’a entendu le dire : « Qu’est-ce que ça fait du bien de rentrer chez vous ! » Un compliment en or pour cette jeune gérante à l’origine du projet avec Max un vieux copain de lycée.

Après s’être perdus de vue le temps des études, l’un parti à Berlin et l’autre à Paris, ils se retrouvent à Clermont diplôme en poche. Mais avec aucune perspective de boulot qui les emballe : « On était de retour chez papa et maman…la chouette période… Les seules perspectives que j’avais c’était faire de la recherche et ça, je ne voulais pas. J’avais besoin d’un métier de sens, quelque chose de concret, je ne voulais pas passer ma vie à élaborer des hypothèses. Je voulais être connectée. Trouver un métier manuel avec aussi un côté intellectuel. »  Avec l’épicerie, Lucie a réussi à combiner ses deux aspirations, elle va à la rencontre des gens du quartier et des paysans, travaille avec ses mains en cuisine et continue aussi à se prendre la tête sur la conceptualisation des outils, la gestion des stocks, etc.

Le pari n’était pas gagné d’avance : « On nous prenait pour des fous ! Les banques nous disaient que le projet ne prendrait pas, parce qu’on était dans une zone semi urbaine, que les gens avaient leur jardin, … Maintenant, on nous dit que ça n’était pas si dingue que ça mais il y a 5 ans, c’était une folie ! On a emprunté 24 000 euros. On sortait des études, on n’avait rien de côté ! »

Pendant notre rencontre, Lucie s’assoit. Puis repart, le téléphone n’arrête pas de sonner, les clients s’enchainent. Il n’y a pas de doute, le projet fonctionne. Mais elle reste prudente : « C’est sûr, on fait beaucoup de choses, mais le bilan comptable arrive en septembre…et c’est qui est important (…) L’objectif c’est de montrer que c’est possible, de créer un modèle économique viable non associatif, une infrastructure de vente qui achète directement à l’agriculteur et qui soit rentable. Tout en gardant cet impératif d’avoir des produits locaux et de participer à un réseau de distribution éthique. »

Aborder avec Lucie la question du « Greenwashing » des grandes surfaces, c’est réveiller la révoltée qui vit en elle : « Les pubs des grandes surfaces sur l’agriculture du coin etc., ça me rend folle ! Ce sont eux qui sont en partie responsables de l’appauvrissement des paysans. Maintenant, ils font du marketing pour se redorer le blason. Mais j’aimerais réellement connaître leur politique de prix. Est-ce qu’ils sont réellement plus justes avec les agriculteurs ? » Ici, la stabilité économique des agriculteurs est une priorité. Quand ils ont lancé leur projet, Max et Lucie ont commencé par aller à leur rencontre pour voir comment ils pouvaient travailler avec eux à un modèle de distribution novateur : « On est allés voir les producteurs pour leur demander leurs problématiques et leurs besoins. On a compris qu’en leur proposant une distribution en circuit court, ça les empêchait de perdre du temps. Plusieurs matinées de marchés pouvaient être libérées pour pouvoir travailler dans les champs. »

L’enjeu du projet est de maintenir une agriculture locale : « On urbanise le territoire agricole … Nous, on pense que les enjeux environnementaux se jouent aussi dans le local ! »

Portée par ses paroles, Lucie me rassure : « On n’est pas des Ayatollah non plus ! Moi aussi parfois je vais m’acheter un avocat ou je vais manger un Kebab ! L’objectif c’est juste de permettre aux gens de manger sain et local. » La marge réalisée sur la vente des produits est fixée à 35 %. Lucie tient à l’éclectisme de la clientèle qui est permis aussi par le maintien de prix raisonnables : « On espère qu’on ne devra pas augmenter car, ça serait un coup à l’accessibilité… »

Après avoir travaillé avec un système de commandes du garage de la grand-mère de Lucie, les deux amis ont pu investir ce lieu de vente il y a 1 an. L’endroit était jusqu’il y a quelques années, réputé pour être « le meilleur primeur de Clermont. » La relève semble assurée.

Gwendoline Rovai

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